Entrevue avec Mathieu Fortin

Mathieu Fortin, le célèbre fondateur de Brins d’éternité, mais qui est aussi écrivain et enseignant, n’est plus homme à devoir se faire présenter. Enfin, pas à ceux qui suivent Brins d’éternité depuis ses débuts ou qui ont rencontré Mathieu au cours de l’un des derniers congrès Boréal… Pour les autres, qui ne connaissent pas l’ancien éditeur du présent fanzine, voici une courte entrevue où il dévoile quelques facettes de son œuvre et de sa personnalité.

Bonjour Mathieu. Pour commencer, peux-tu raconter à nos lecteurs comment est né le projet de Brins d’éternité?
Avec joie ! Pour faire une histoire courte, disons que je suis tombé sur le site des Six Brumes en cherchant des maisons d’édition québécoise, j’ai vu l’appel à textes pour Équinoxe et j’ai découvert le forum. En jasant avec les autres, j’ai réalisé qu’un fanzine devait naître. Presque simultanément, la gang de Pandémonium (défunt fanzine des arts déviants) s’inscrivait aussi au forum. Alors Brins d’éternité est né dans ces circonstances ; j’avais publié dans Solaris mon premier texte, je savais que j’allais être publié dans Équinoxe et j’avais trouvé quelqu’un, ma bonne amie Dominique, pour m’aider, m’appuyer et passer des soirées à lire, relire et corriger les textes.

Tu as maintenant légué la direction du fanzine à une jeune équipe dynamique. Qu’est-ce qui a motivé cette décision?
J’ai toujours eu du plaisir à diriger le fanzine, seulement, après deux ans, j’avais le goût de profiter de mes temps libres autrement ; j’écris plus depuis et j’ai envie de me consacrer à d’autres projets.

À ton avis, quelle a été ta pire erreur en tant qu’éditeur du fanzine? Quel a été ton meilleur coup?
Ma pire erreur? Avoir trop voulu en faire seul ; je manque parfois de discipline. Mon meilleur coup? La chronique Boule à mythes, je crois, et la collaboration appréciée d’auteurs connus et populaires à la chronique et aux entrevues, particulièrement dans le spécial fantasy.

Que retires-tu de ton expérience à la barre de Brins d'éternité?
Que la direction d’un fanzine est une expérience très stimulante qui permet d’apprendre beaucoup sur l’écriture et l’édition. Surtout, c’est une expérience qui amène un regard différent sur ses propres textes et sur la façon de travailler. C’est beaucoup plus facile pour moi maintenant de relire mes textes avec du recul.

Si l’expérience de Brins d’éternité était à refaire, t’y relancerais-tu, même en sachant tout le travail que ça implique?
Je le referais, mais j’opterais plutôt pour un recueil annuel que pour quatre numéros indépendants ; d’ailleurs, si je le faisais en quatre numéros, ce serait avec un numéro de SF, un fantastique, un fantasy et un varié.

Parlons de ton côté écrivain, maintenant. Depuis quand écris-tu? Qu’est-ce qui t’a attiré vers l’écriture? Et plus précisément vers la littérature de genre?
J’écrivais mes premiers textes vers l’âge de dix ou onze ans ; je tripais avec mes Légo et je me servais des personnages et des modèles pour créer des aventures, que je mettais parfois sur papier. Ensuite, mes parents m’ont acheté une machine à écrire et j’ai commencé à écrire un peu plus sérieusement. J’ai toujours été intéressé par l’écriture et par la littérature de genre, car c’est une bonne façon de rêver.

Quels ont été tes premiers textes publiés?
J’ai soumis une nouvelle à Solaris quand j’avais seize ans ; elle était tapée sur ma machine à écrire (dans laquelle on pouvait sauvegarder sur disquette). Yves Meynard l’a refusée en me faisant beaucoup de commentaires constructifs. J’ai attendu jusqu’en 2002 pour en soumettre une autre ; j’avais écrit L’écho pendant mon dernier stage en enseignement, chez mes parents. J’ai reçu une réponse positive de Joël Champetier. D’ailleurs, au sommaire de ce numéro de Solaris se trouvait le premier texte d’un jeune auteur appelé Michel J. Lévesque… Peu de temps après, j’ai appris qu’un poème que j’avais soumis à un concours avait été retenu pour publication par la revue Pouèt-Cafëe. Ensuite, ce fut Équinoxe et la fondation de Brins d’éternité.

En tant qu'auteur, quelles sont tes sources d'inspiration? Quel roman a le plus marqué ton écriture?
Je ne pourrais pas dire ; Le Cercle Violet et Chronoreg (Daniel Sernine), Tigane (Guy Gavriel Kay), Reine des Orages (Marion Zimmer Bradley), Le Vol du Dragon et La Quête du Dragon (Anne McCaffrey). J’ai beaucoup aimé, adolescent, les premiers romans de la série Shadowrun (des elfes, dragons et autres créatures refont apparition dans les années 2000, dans un contexte cyberpunk) et j’adore le concept des mutants de X-Men présenté dans les films. C’est un peu tout ça, je crois, qui m’influence.

Quel genre de lecteur es-tu, d'ailleurs? Quels sont tes genres de lectures préférés?
Je lis un peu de tout, compulsivement. Je suis totalement vendu à GG Kay : ce genre de fantasy m’allume vraiment. Je lis particulièrement des romans, mais j’aime aussi les nouvelles. Je n’ai pas tendance à lire les cycles qui s’étendent sur plusieurs gros romans ; trop souvent, ça manque de souffle. Je lis tout le temps, partout, aussitôt que je peux ; mes endroits privilégiés sont le balcon de mon appartement, mon heure de dîner au travail et mon lit.


Parmi toutes tes nouvelles publiées, laquelle est ta préférée? Pourquoi?
Cancer, une nouvelle à être publiée dans Solaris. J’ai eu le flash dans mon cours de génétique, un mardi entre 3h30 et 6h45 ; je suis rentré à l’appartement et j’ai écrit, presque sans arrêt, jusqu’aux petites heures du matin ; j’ai terminé le texte le mercredi avant midi (d’ailleurs, je te l’avais envoyé pour commentaires le mercredi 28 septembre à 12h10 exactement (vive la mémoire du courriel!)) Ensuite, le texte a connu des ajustements, mais l’intrigue et les personnages sont restés les mêmes. J’ai bien hâte de le voir publié.

Au sommaire de quelles revues ou de quels fanzines devrait-on voir ton nom apparaître au cours des prochains mois?
Solaris, en 2007 ; Le Bilboquet en avril 2007 devrait aussi contenir un de mes textes. Comme je travaille beaucoup sur des textes plus longs (lire ici le mot « roman »), j’écris beaucoup moins de nouvelles. J’espère placer un texte dans le prochain recueil des Six Brumes (clin d’œil les gars !), La danse de la mer devrait reparaître cet automne dans Le Calepin Jaune (en France) et Fin de tournée dans ce numéro de Brins d’éternité. J’attends les dernières planches pour le Hors Série BD de Brins d’éternité.

Pour conclure, quels sont tes projets d’avenir? En écriture? En général?
J’ai des romans qui attendent d’être terminés depuis quelques années et que j’aimerais mener à terme, j’aimerais bien en publier un avant d’avoir trente ans (ce qui me laisse deux ans et demi, va falloir que je travaille fort). J’aimerais travailler dans l’édition, éventuellement, de manière professionnelle (lecteur de manuscrit, ce genre de trucs) ; j’aimerais aussi me perfectionner et devenir superviseur de stagiaires en éducation. Cependant, mon envie d’écrire reste un loisir et tant mieux si je peux en faire un revenu d’appoint.